Par Bagassi Koura et Mike Eckel
BOMANDORO – République Centrafricaine – Depuis deux ans, Guillaume Benam, la trentaine, passe la plupart de ses journées sur ce chantier minier à la recherche des pierres précieuses. Celles-là même qui, selon les observateurs, contribuent à alimenter le conflit dans son pays.
Ici, les jours passent et se ressemblent. M. Benam et ses trois compagnons de fortune creusent la terre humide, recueillent la boue argileuse dans des tamis et des paniers en bois. Ils plongent le tout dans un ruisseau pour séparer l’argile du gravier. L’eau limpide prend une couleur café au lait.
Vient alors le moment crucial: les trois hommes s’accroupissent, côte à côte, les yeux rivés sur le gravier sorti de l’eau. La fumée de sa cigarette remontant dans l’air au cœur de cette forêt dense, Benam gratte alors à la truelle la grille métallique du tamis, à la recherche de cristaux souvent si petits: le diamant.
Mais Benam l’avoue: en deux ans, ce qu’il a pu obtenir suffit à peine à subvenir à ses besoins quotidiens. “C’est la loterie’’, dit-il, comme pour se donner du courage. ‘‘Parfois, vous gagnez, parfois vous ne gagnez rien’’, avoue-t-il. Entre deux bouffées de cigarette, il s’empresse d’ajouter : “on cherche’’.
Dans les forêts profondes de l’un des pays les plus pauvres de la planète, la recherche du diamant est en fait une quête périlleuse de moyens de subsistance pour un paysan comme Benam. C’est aussi la conséquence du vide de pouvoir créé par les violences qui ébranlent la Centrafrique depuis plus de deux ans.
Les affrontements intercommunautaires ont transformé ce pays en une nation dont les frontières n’existent plus que sur carte, étant donné que l’autorité gouvernementale arrive à peine à s’exercer à Bangui, la capitale.
Il y a deux ans, des miliciens, principalement des musulmans, connus sous l’appellation Seleka, ont marché sur Bangui, et mis à sac le pays. Diamant, or, ivoire, armes à feu, voitures, fournitures de bureau, magasins d’alimentation, tout a été pillé. Et en représailles, un autre groupe d’hommes armés, les Anti-Balaka -principalement des chrétiens et animistes- a chassé, en décembre 2013, les Seleka hors de la capitale.
Répartition générale des mines artisanales de diamant en RCA. Données de l’IPIS et de la mission d’experts de l’ONU sur la RCA.
Désormais, hormis la capitale Bangui, la RCA n’est rien d’autre qu’une collection de territoires, majoritairement contrôlés par des groupes armés rivaux. Ces factions souvent formées sur des bases religieuses, militaires, politiques et ethniques, se battent pour contrôler des territoires, mais aussi tout ce qui pourrait produire un revenu.
La RCA est un Etat “qui a longtemps cessé d’exister», écrit l’International Crisis Group dans un rapport publié cette année. Et le diamant y est pour quelque chose.
La Centrafrique est un pays béni par la nature. A voir forêts, vallées fluviales et plaines, on se rend compte des contradictions énormes qui minent ce pays: comment un pays si riche peut-il être si pauvre ?
Durant la colonisation française, les entreprises étrangères ont exploité à outrance le diamant, l’or, le coton, le bois, le caoutchouc et d’autres ressources naturelles du pays. Elles ont laissé derrière un pays instable, avec très peu d’infrastructures à même de soutenir un développement durable.
Comme la plupart des pays africains francophones, la Centrafrique a obtenu son indépendance en 1960. La découverte de nouvelles richesses et un gouvernement faible ont engendré la corruption et une lutte pour le contrôle des pierres précieuses et d’autres ressources naturelles.
Un coup d’Etat fomenté en 1965 par Jean-Bedel Bokassa, alors colonel de l’armée, a lancé une longue période d’instabilité pour les 54 années suivantes. Selon les Nations unies, cela “a créé une culture politique caractérisée par la violence et la prédation économique.”
Au cours de ses 14 années au pouvoir, Bokassa a dirigé le pays d’une main de fer, se proclamant même empereur en 1977.
Un scandale impliquant des écoliers, des uniformes scolaires et une répression ayant fait des dizaines de morts a abouti à l’éviction de Bokassa par les troupes françaises deux ans plus tard. Les 24 années suivantes ont été marquées par des régimes militaires, des mutineries, des coups d’Etat et des élections contestées.
En 2003, le général François Bozizé prend le pouvoir. Malgré une insurrection liée au diamant en 2008, il a pu se maintenir à la tête de l’Etat jusqu’à ce qu’en mars 2013, des miliciens, des rebelles et des partis politiques regroupés sous le nom de Seleka partent de leurs bastions traditionnels dans le Nord et l’Est pour s’emparer de Bangui.
Les Nations unies estiment que près de 3000 civils ont été tués entre décembre 2013 et la mi-août 2014. Les médias étrangers et des ONG estiment que ce bilan est bien plus élevé. Ils parlent de plus de 5000 morts.
Les musulmans constituent une petite minorité en RCA, autour de 15% des 4,6 millions d’habitants. Beaucoup d’entre eux ont vu dans l’ascension de la Seleka, une réponse aux injustices perpétrées par la majorité chrétienne depuis des années. Dans le Nord et l’Est, les infrastructures telles que les routes ou les écoles manquent cruellement comparées à l’Ouest ou au Sud-ouest.
Mais les dix mois de règne de Michel Djotodia et de la Seleka ont été caractérisés principalement par des tueries et le pillage systématique des biens, que ce soit en campagne ou à Bangui.
“Tout au long de la période durant laquelle la Seleka contrôlait la capitale, les pillages de maisons, des commerces et des centres médicaux ont atteint des niveaux endémiques», écrit l’IPIS, une firme de recherche belge, dans un rapport publié le 24 novembre 2014. “Dans leur progression à travers le centre et l’ouest du pays, les forces de la Seleka ont de nouveau systématiquement pillé des villages et des villes, et parfois même rasé des villages entiers”.
Pour rendre le conflit encore plus complexe, il y a eu cette implication de mercenaires et de combattants venus du Tchad, du Soudan et d’ailleurs.
Le règne de la Seleka s’est terminé en décembre 2013 avec l’assaut des Anti-Balaka, ces miliciens chrétiens qui se font appeler ainsi en référence à l’arme qu’ils portent: la machette.
Les Seleka se retirèrent de la capitale, mais ils ont conservé des territoires dans le nord et le centre du pays.
Comme Bozizé avant lui, Djotodia, incapable de contrôler ses troupes, est lui aussi parti en exil. La maire de Bangui, un ancien cadre des assurances, Catherine Samba-Panza, 58 ans, a été désignée présidente par intérim en janvier 2014.
En août dernier, elle a nommé le musulman Mahamat Kamoun, 53 ans, comme Premier ministre. Ce choix censé être un geste d’apaisement à l’endroit des Seleka, a néanmoins été rejeté par ces derniers.
La partition du pays, tant redoutée, semble bien une réalité de fait.
Les Anti-Balaka se sont non seulement vengés des combattants Seleka et des musulmans en général, mais ils ont aussi mis la main, au passage, sur les biens de valeur et les sites miniers.
La ville de Boda, non loin du site où Benam et ses partenaires passent leurs jours à chercher les pierres précieuses, n’a pas fait exception. Située à environ cinq heures de route à l’ouest de Bangui, « Boda la Belle » comme on l’appelle, a vécu des violences d’une extrême gravité suite au retrait soudain de la Seleka en fin janvier 2014.
Des maisons ont été détruites, des boutiques pillées et une mosquée ravagée. Plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans la ville, pour la plupart des musulmans.
«Nous avons décidé de devenir Anti-Balaka parce que les musulmans se sont ralliés aux Seleka qui les ont armés”, explique celui qui se fait appeler Sylvain, un homme portant des Ray Ban et qui dit être le chef des Anti-Balaka dans la région de Boda.
“Et un jour, ils ont commencé à tirer sur les chrétiens. C’est ce qui nous a révoltés. Nous avons d’abord fui dans la brousse et on s’est dit qu’on ne pouvait pas quitter le pays. Et nous avons décidé de revenir nous défendre,” ajoute Sylvain.
Ville de 30.000 habitants, naguère prospère, Boda est désormais coupée en deux: d’un côté, les animistes et les chrétiens qui occupent la majorité de la ville, et de l’autre, une enclave, où quelque 1400 musulmans sont pris au piège, sous la menace constante des combattants Anti-Balaka.
“Nous ne pouvons pas bouger’’, se lamente dans une interview à la VOA en septembre Altahir Abdallah, 67 ans, l’un des notables de la communauté musulmane de Boda. “Même ce petit pont que vous voyez, on ne peut pas le traverser. Aucun musulman ne peut le traverser. Vous vous éloignez de l’enclave et vous êtes tué.”
Dans cette région, les propriétaires des mines de diamant, étaient tous des musulmans jusqu’à la fin de janvier. Mahamat Adamou, 70 ans, qui était un intermédiaire entre les mineurs et les maisons d’achat de diamant basées à Bangui, affirme être désormais dans l’incapacité de se rendre sur ses chantiers.
“Lorsque les événements ont commencé, ils ont ramassé sur mes chantiers miniers tous les outils, les pompes, les diamants… les chrétiens ont tout pris” dit-il à la VOA. “Et ils ont repris l’exploitation du diamant sur mes sites.”
La mine de Bomandoro où Benam et ses partenaires travaillent, est à une heure de Boda à moto. Ce territoire est bien connu des creuseurs, qui l’ont surnommé “Lango Oussé,” une expression qui, en langue Sango, veut dire «deux jours». Car pour les mineurs, il faut si peu de temps ici pour trouver les minerais précieux. Sur ce site, les Anti-Balaka surveillent le trafic routier et l’activité des mineurs.
“Nous ne savons plus rien des mines”, déplore Mahamat Adamou, ancien acheteur de diamant à Boda. «Nous savons seulement que les gens creusent le diamant. Nous ne savons pas où ils l’emmènent.”
En 2012, la RCA occupait le 12e rang des pays producteurs de diamant dans le monde, selon le Processus de Kimberley, une organisation des industriels et des pays producteurs qui cherche à éviter que ce minerai ne serve à alimenter les conflits armés. La Centrafrique n’est pas le seul pays producteur de diamant dans cette partie du monde: la plupart de ses voisins en produisent davantage. Mais ce qui rend la RCA unique, c’est la qualité de ses pierres précieuses, prisées non pas pour des usages industriels, mais pour son utilisation dans les bijoux et les montres.
En termes de qualité, les experts classent le diamant centrafricain parmi les cinq premiers au monde. Les exportations de diamant du pays en 2012 étaient de 378.000 carats de diamant, d’une valeur estimée à 167,05 dollars par carat.
Par comparaison, sa voisine, la République Démocratique du Congo, a exporté 19,5 millions de carats cette même année. Mais ils étaient évalués à seulement 13,41 dollars par carat.
La mauvaise gestion de la production de diamant était l’un des reproches des Seleka envers Bozizé qui, en 2008, cherchait à créer un monopole national au profit de ses proches et des membres de son groupe ethnique, selon l’International Crisis Group.
En mai 2013, suite à la prise du pouvoir par les Seleka, les inspecteurs du processus de Kimberley suspendent la vente du diamant centrafricain sur les marchés mondiaux. Leur objectif est d’empêcher que l’argent de ce minerai ne serve à alimenter de nouvelles violences.
Peine perdue. Très rapidement, les réseaux d’exportation illégale se sont multipliés. La plupart des collectionneurs ont fui vers les pays voisins, notamment le Cameroun, et continuent, selon les experts, à faire sortir le diamant de Centrafrique.
Si bien qu’en novembre 2014, les Nations unies ont estimé qu’à cette date, 140.000 carats de diamant d’une valeur de 24.000.000 de dollars avaient été exportés illégalement depuis que l’interdiction est entrée en vigueur. Cela inclut, toujours selon l’ONU, une cargaison de 6634 carats de la RCA qui a été saisie à Anvers dans les bureaux belges de Badica, la société de commercialisation centrafricaine de diamants.
Selon un ancien ministre des mines, Olivier Mailbangar, jusqu’à 80% des diamants du pays est exporté frauduleusement.
La suspension de la RCA du Processus de Kimberley a aussi eu d’autres impacts non souhaitables, selon les experts : appauvrissement des bureaux d’achats, arrêt des investissements dans les mines, et diminution de la production dans certaines régions. En conséquence, les prix par carat ont baissé car les acheteurs officiels continuent de renforcer leurs stocks de diamant en attendant la levée de l’interdiction.
Dans le même temps, l’un des principaux pays de transit du diamant de contrebande, le Cameroun – dont les pierres précieuses sont proches en qualité à celles de la RCA – a officiellement fait état d’une baisse de ses exportations de diamant, bien en dessous de la production estimée.
Ce qui “implique que les diamants de Centrafrique se retrouve facilement sur le marché noir au Cameroun», selon IPIS.
Lors d’une réunion plénière du Processus de Kimberley à Guangzhou, en Chine, le mois dernier, les délégués ont rejeté la demande de la RCA pour une levée partielle de la suspension. Ils ont cependant indiqué que la question de la suspension sera réexaminée avant la prochaine réunion de l’organisation en juin 2015.
“C’est une question d’équilibre. Il y a des gens qui pensent qu’en maintenant la suspension, vous encouragez la contrebande et vous détruisez un secteur qui était déjà, au départ, fragile», explique Bady Baldé, directeur régional de l’Initiative de transparence des industries extractives, une coalition basée en Norvège, et dont le rôle est d’aider les pays à mieux exploiter leurs ressources naturelles.
Terah DeJong, un expert basé en Côte-d’Ivoire et qui dirige un projet financé par les Etats-Unis et l’Union Européenne (UE) pour une bonne gestion du commerce du diamant, estime qu’il est possible que les représentants du processus de Kimberley autorisent l’exportation du diamant des mines de l’Ouest, principalement contrôlées par les milices chrétiennes et animistes. Cela pourrait aider à renflouer les coffres du gouvernement. Mais cela pourrait aussi attiser le ressentiment dans les zones minières sous le contrôle des musulmans dans le Nord.
“Il y a trop de problèmes techniques et politiques avec une telle approche,” affirme, dans une interview par email, M. DeJong, qui a participé à la réunion de Guangzhou. “Comment s’assurer que cela n’alimente pas le conflit en permettant aux diamants de l’Ouest [NDLR : des zones sous contrôle Anti-Balaka] d’obtenir une certification du Processus de Kimberley mais pas ceux de l’Est [NDLR: des zones sous contrôle des ex-Seleka]? Comment s’assurer qu’il n’y ait pas de trafic de diamant de l’Est vers l’Ouest?”
À Bangui, Joseph Agbo, le ministre des Mines et de la Géologie, affirme que l’industrie du diamant fournit normalement 51% des recettes d’exportation du pays. Une énorme perte aujourd’hui puisque le gouvernement n’a plus de contrôle sur l’exploitation de ce minerai, et ses efforts pour rétablir l’autorité étatique hors de Bangui ont jusqu’ici échoué.
M. Agbo, comme d’ailleurs de nombreux responsables gouvernementaux et les operateurs du secteur du diamant, soutiennent que la suspension n’a fait que faciliter la fraude, sapant les efforts de reconstruction du pays.
“Plus elle [la suspension] persiste, plus les vautours sont en train de s’installer en Centrafrique pour détourner nos ressources”, déplore Victorien Vianney Koyandakpa, un exportateur de diamant basé à Bangui.
La question de savoir si la RCA deviendra autre chose qu’une simple limitation géographique dépendra en grande partie du rôle de ses voisins, de la France, l’ancienne puissance coloniale, et des efforts de l’ensemble de la communauté internationale.
“La RCA n’a, sans doute, jamais vraiment été un Etat, même depuis l’indépendance “, explique DeJong qui se demande s’il faut totalement refonder ce pays, ou s’il faut continuer sur la même voie.
En septembre, les Nations unies ont déployé une force de maintien de la paix de 7500 hommes, essentiellement composée de soldats de la force de l’Union Africaine qui étaient déjà sur place.
La France, dont les soldats ont aidé à renverser Bokassa en 1979, continue de jouer un rôle très actif, avec quelque 2.000 soldats déployés depuis décembre 2013 dans le cadre de l’opération Sangaris. Ces troupes ont souvent fait l’objet d’attaques lors de leurs patrouilles. Concernant le diamant, la France soutient la position de Bangui pour une levée partielle de la suspension de l’exportation.
Dans ce conflit, les voisins de la Centrafrique ne sont pas restés en marge. Au contraire, ils jouent un rôle tout aussi actif.
Le Cameroun est devenu la terre d’accueil de la plupart des collecteurs musulmans de diamant qui ont fui l’offensive des Anti-Balaka. Craignant l’instabilité aux abords de ses frontières, le Tchad a envoyé des mercenaires servir comme des gardes de sécurité de l’ancien président Bozizé. Ce pays a soutenu les Seleka lors de leur descente sur Bangui. Le Tchad a aussi contribué à créer une zone sous contrôle Seleka dans le Nord de la RCA. Quant au Soudan, il a généralement été cité comme étant l’un des principaux pourvoyeurs d’armes et d’équipements des Seleka.
Pour les commandants locaux et les chefs de milice soucieux de financer eux-mêmes leurs opérations, avoir des partenaires fiables pour l’exportation du diamant ou des contrebandiers, est devenu un enjeu majeur. D’où la nécessité pour ces groupes de maintenir ces liens avec le Soudan, le Tchad et des hommes d’affaires congolais et camerounais.
Certains leaders des Anti-Balaka et des Seleka ont même appelé à la partition du pays. Plus les milices arrivent à assurer leurs revenus grâce à la contrebande des minerais (ou d’autres ressources comme l’ivoire) et grâce aussi à l’extorsion, au trafic de toutes sortes, plus il sera difficile de trouver une solution politique durable à la crise centrafricaine.
Maxime Kazagui, le représentant du gouvernement centrafricain aux négociations du processus de Kimberley, a confié à la VOA que malgré tout l’intérêt porté au diamant, il ne rapporte pas à la Centrafrique autant qu’il le devrait.
“En vérité, le diamant nous a rendu plus malheureux qu’heureux,” a t-il déploré.
Reportage Bagassi Koura et Mike Eckel
Bagassi Koura est journaliste à VOA Afrique, le service français de la Voix de l’Amérique. Cette année, il s’est rendu à deux reprises en Centrafrique pour couvrir la crise et les efforts de maintien de la paix dans le pays. Originaire du Burkina Faso, M. Koura a travaillé dans plusieurs autres zones de conflit comme en Cote d’Ivoire ou au Mali. Avant de venir à VOA en 2012, M. Koura a travaillé pour plusieurs medias internationaux dont Al Jazeera TV et Reuters TV.
Production: Mike Eckel
Web Design et programmation: Stephen Mekosh and Dino Beslagic
Photo et Vidéographie: Bagassi Koura
Production vidéo: Saqib Ul Islam
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